la rébellion des arbres

Titre la Rébellion des arbres

Au début des temps, tout était très différent sur la Terre. Les humains n'existaient pas encore, les animaux étaient différents et même les arbres ne ressemblaient pas à ce que nous connaissons. En effet, il faut savoir qu'à cette époque, les arbres pouvaient marcher ! Ou plutôt ils se déplaçaient en faisant bouger toutes leurs racines  en même temps, un peu comme les mille-pattes. C'était très rigolo à voir car ils donnaient l'impression de glisser sur le sol. Et ils pouvaient aller très vite quand ils le voulaient.

le monde quand les arbres marchaient


En cette époque lointaine, les Dieux essayaient d'organiser la vie sur la Terre. Mais comme ils n'étaient pas d'accord entre eux, c'était très compliqué ! Un jour, l'un d'entre eux, qui aimait l'ordre, décidait que les animaux vivraient au nord et les arbres au sud.
Alors, les arbres voyageaient vers le sud et les animaux vers le nord.
Mais subitement, le Dieu suivant, qui aimait la mixité, ordonnait aux animaux et aux arbres de se répartir équitablement sur le globe. Un troisième trouvait que les terres du Nord étaient trop froides et que tous les êtres vivants devaient se regrouper autour de l'équateur... Et à nouveau les animaux et les arbres devaient se déplacer au gré des fantaisies de leurs créateurs...

On appelle cette période les grandes migrations car les animaux et les arbres étaient toujours en mouvement.

les grandes migrations


Mais un beau jour, un vieil arbre appelé Cassanus en eut assez ! Il avait mal aux racines à force de marcher ! Et puis ça devenait ridicule à la fin de changer d'endroit tout le temps.
Il s'adressa aux Dieux :
- C'est pas bientôt fini vos caprices ? Une fois à droite, une fois à gauche ! Puisque vous n'êtes pas capables de vous mettre d'accord, je reste où je suis et je ne bouge plus !

Les Dieux s'insurgèrent immédiatement. S'ils n'étaient pas d'accord sur l'organisation sur Terre, ils s'accordèrent immédiatement sur ce point : il était intolérable qu'une de leurs créatures se rebelle !
Ils grondèrent de concert :
- Comment oses-tu, misérable végétal, nous parler sur ce ton ?!

Mais le vieil arbre ne se laissa pas impressionner :
- Je suis fatigué de marcher !
- Tu iras où nous voudrons, répliqua Éole, le Dieu du Vent.
Et il lui souffla dessus d'un vent puissant. Mais le vieil arbre plongea ses racines dans la terre pour résister au souffle divin. Ses branches se balancèrent, son tronc plia un peu mais il resta à la même place.

Eole et Cassanus


Cassanus était respecté par tous les autres arbres et considéré comme un sage par ses congénères. Voyant qu'Eole, rouge de colère, reprenait son souffle avec la ferme intention de déclencher un vent de tempête pour déraciner le vieil arbre, tous les autres arbres décidèrent d'être solidaires et, entourant leur ancêtre, ils enracinèrent profondément leurs racines dans la terre. Éole eut beau souffler, quelques arbustes tomber, la majorité des arbres ne bougèrent pas.

La révolte prenait de l'ampleur et craignant que les animaux se joignent aux arbres dans la rébellion, quelques Dieux essayèrent de temporiser :
- Allons, vieil arbre, cette dispute est stérile. Nous vous demandons de bouger pour votre bien, pour trouver le meilleur emplacement pour vous sur la Terre. Soyez coopératifs !

Cassanus, qui était un sage, sembla s'adoucir :

- Comprenez-moi bien. Je ne suis pas contre l'idée de bouger. Mais je ne bougerai que lorsque vous vous serez tous mis d'accord à l'unanimité. Lorsque vous parlerez d'une seule voix, j'irai où vous me direz d'aller !
- Voilà qui est mieux ! répondirent les Dieux, satisfaits.

Et ils commencèrent à discuter entre eux du meilleur équilibre possible sur la Terre.
Il faut croire qu'ils n'ont pas encore trouvé d'accord car les arbres attendent toujours leur décision pour bouger. De temps en temps, Éole, agacé par leur résistance, leur souffle dessus en tempête mais ils tiennent bon.
Voyant les arbres immobiles, les animaux arrêtèrent bientôt de parcourir la planète en tous sens et s’installèrent où ils se trouvaient. Seuls quelques oiseaux ont gardé l'habitude de voyager en grandes migrations pour faire plaisir à quelques dieux indécis...

 Les dieux se disputent